L’enseignement que nous vous proposons en ce début d’année tibétaine est extrait de l’ouvrage Servir autrui, un chemin vers l’éveil.
Nous appelons « ennemi » celui qui se met en colère contre nous, qui ne nous aime pas ou nous déprécie, nous critique ou nous frappe. Nous avons pourtant reçu tout notre bonheur depuis des vies sans commencement de la bonté de cette personne qui nous déteste, nous fait du mal et qui peut aller jusqu’à nous tuer. Tout notre bonheur depuis des vies sans commencement provient de la bonté de cette personne. Nous parlons ici d’une personne bien spécifique, de la bonté de cette personne que nous n’aimons pas et qualifions d’ennemi. Grâce à la bonté de cette personne, nous recevons tout notre bonheur passé, présent et futur, y compris la libération du samsara et l’éveil. Elle ne nous aime pas. Mentalement, elle nous déteste, verbalement, elle nous critique et, physiquement, elle est violente envers nous. Telle est celle que nous appelons « ennemi », que nous détestons et refusons d’aider, la personne que nous avons complètement abandonnée.
Comment recevons-nous tout notre bonheur passé, présent et futur, y compris l’éveil, de la bonté de cette personne ?
Tout le bonheur que nous rencontrons provient de notre bon karma et ce bon karma est l’action du Bouddha. Le Bouddha a deux types d’activités. La première réside dans le propre esprit du Bouddha tandis que la seconde est en lien avec nous tous, les êtres. On peut dire que toute action ou pensée vertueuse que nous avons est l’activité du Bouddha. C’est l’une des manières dont le Bouddha agit pour nous.
L’autre manière est liée aux enseignements que le Bouddha a donnés sur le karma, en distinguant ce qui est bien de ce qui est mal. Les actions positives nous apportent le bonheur tandis que les actions négatives nous blessent et font du mal aux autres. Tout ceci figure dans les enseignements du hinayana et du mahayana (dans les enseignements des paramitas tout comme dans les tantras). C’est une façon de voir les choses. Le Bouddha nous a dispensé ces enseignements que nous avons étudiés, mis en pratique et grâce auxquels nous avons créé du bon karma.
Nos mérites, nos bienfaits, découlent donc de l’activité du Bouddha.
Le Bouddha, à son tour, n’est venu à l’existence qu’en dépendance des êtres car le Bouddha est né d’un bodhisattva, le bodhisattva est né de la bodhicitta, la bodhicitta, à son tour, est née de la grande compassion et la grande compassion a été générée sur la base d’êtres qui souffrent. Il est donc impossible, en l’absence d’êtres dans la souffrance, de générer la compassion par conséquent, il est impossible à un bouddha d’exister.
Pour générer la compassion, il doit y avoir des êtres qui souffrent. La compassion est générée grâce à leur bonté. La grande compassion, celle du mahayana, est générée par notre relation avec chacun des êtres qui souffre : les êtres des enfers, les esprits avides, les animaux, les êtres humains, les suras, les asuras et les êtres de l’état intermédiaire. En nous reliant avec chaque être, quelle que soit sa sphère d’existence, nous pouvons générer une grande compassion, uniquement grâce à sa bonté. La grande compassion ne peut donc être générée qu’en relation avec cette personne que nous détestons, que nous avons entièrement abandonnée. La grande compassion est générée grâce à la bonté de cette personne qui souffre et se trouve sous l’emprise d’émotions perturbatrices – cette personne que nous qualifions d’ennemi.
Tout le bonheur que nous avons reçu depuis des vies sans commencement est dû à la bonté de cette personne.
Pouvez-vous imaginer le bonheur infini depuis des vies sans commencement que nous avons reçu grâce à la bonté de cette personne ?
Waouh ! Inimaginable !
Même sans penser à l’avenir et en ne s’en tenant qu’au présent, il est impossible d’imaginer la bonté de cette personne.
Waouh !
Extrait de Servir autrui, un chemin vers l’éveil, disponible en version papier et ebook.