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Biographie de Lama Yéshé

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À l’occasion de la sortie du nouveau livre audio des Éditions Mahayana Comment devenir son propre thérapeute qui est une compilation d’enseignements donnés par Lama Thoubtèn Yéshé, nous avons le plaisir de partager avec vous une courte biographie de Lama Yéshé.
Lama Thoubtèn Yéshé est né au Tibet en 1935, plus exactement à Teuloung Déchèn, près de Lhassa dans une famille paysanne. Ses parents étaient des pratiquants dévoués et plusieurs de ses frères sont devenus guéshés [docteur en philosophie]. Très jeune, il est reconnu comme étant la réincarnation de Nénoung Pawo Rinpoché, la supérieure de Chimé Loung Gompa, un monastère de moniales de tradition guélouk. Cette yogini était connue comme ayant de grandes réalisations spirituelles et avait émis le souhait de pouvoir, à l’avenir, partager la richesse des enseignements du Bouddha avec ceux qui en ignoreraient les bienfaits, les étrangers provenant de pays sans Dharma. Retrouvant en l’enfant leur maître spirituel, les moniales lui donnent le nom de Thondroup Dorjé et l’invitent fréquemment à séjourner dans leur monastère. Thondroup Dorjé exprime très tôt le souhait de mener une vie religieuse. Et, finalement, alors qu’il a six ans, ses parents le laissent rejoindre le fameux monastère de Séra djé près de Lhassa.
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Séra Djé (Photo Wikipédia)

Les moniales lui offrent pour l’occasion ses robes de moine, et son oncle, Ngawang Norbou, qui fait ses études de guéshé à Séra, est chargé de veiller sur son éducation. À huit ans, il prend les vœux de novice du Vénérable Pourchok Jampa Rinpoché. Pendant près de vingt années passées dans ce haut lieu d’études et de pratiques, Lama Yéshé reçoit les instructions spirituelles basées sur le système d’éducation traditionnel bouddhique importé d’Inde mille ans auparavant. Plus particulièrement, Sa Sainteté Kyapdjé Tridjang Rinpoché, tuteur junior de Sa Sainteté le Dalaï Lama, lui transmet les « étapes de la voie graduée » (Tib. lamrim) qui recouvrent toute la pratique spirituelle selon les soutras.

Il reçoit également de nombreuses initiations tantriques et plusieurs commentaires de Sa Sainteté Kyapdjé Ling Rinpoché, tuteur senior de Sa Sainteté le Dalaï Lama, de Dragui Dorjé Chang Rinpoché, de Song Rinpoché, de Lhatsun Dorjé Chang Rinpoché et de nombreux autres maîtres qualifiés. Ces enseignements tantriques, alliés au lamrim, fournissent de puissants moyens pour réaliser l’état de bouddha purifié de tous les obstacles et doté de toutes les qualités et dont les différents aspects sont représentés par diverses déités. Lama Yéshé est initié et pratique (entre autres) les yogas d’Hérouka, de Vajrabhairava et de Gouyasamadja, déités qui incarnent respectivement la compassion, la sagesse et les moyens habiles d’un être pleinement éveillé.

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Kyabdjé Ling Rinpoché (Photo lamayeshe.com)

Il pratique également les six yogas de Naropa, principalement d’après le commentaire de Lama Tsongkhapa. D’autres instructeurs, comme son maître principal Guéshé Thoubtèn Wangchouk, Guéshé Lhundroup Sopa Rinpoché, Guéshé Rabtèn et Guéshé Ngawang Guéndune, le guident également dans son développement spirituel. Lama intègre une promotion particulièrement brillante qui comprend de nombreux lamas de haut rang et qui se distingue par la qualité de ses débats philosophiques.Il étudie pendant plus d’une douzaine d’années le rigoureux programme de guéshé qui comprend les textes essentiels, notamment « La perfection de la sagesse transcendante » (Skt. prajnaparamita), la philosophie de « La voie du milieu » (Skt. madhyamikavatara) et la logique bouddhique. Les moines des classes avancées œuvrant comme tuteurs pour les moines des classes inférieures, Lama passe plusieurs heures chaque jour à enseigner et à répondre aux questions qui lui sont posées. Entre ces périodes d’études intenses, il assiste aux enseignements de Sa Sainteté et de ses deux tuteurs.

Cette phase de son éducation se termine en 1959 avec l’invasion chinoise. Comme l’a dit lui-même Lama : « Cette année-là, les Chinois nous informèrent avec gentillesse qu’il était temps de quitter le Tibet et d’affronter le monde extérieur. » Il traverse le Bhoutan et rejoint le camp de réfugiés de Bouxaduar en Inde du Nord. Là, il poursuit son éducation avec l’étude de la « discipline » (Skt. vinaya) et de la « phénomènologie » (Skt. abhidharma). Le grand bodhisattva Tènzin Gyaltsèn Kounou Lama Rinpoché lui donne des instructions sur L’entrée dans la pratique des bodhisattvas (Skt. bodhicharyavatara) de Shantidéva et de La lumière de la voie (Skt. bodhipathapradipa) d’Atisha. À vingt-huit ans, Kyapdjé Ling Rinpoché lui confère l’ordination complète. C’est aussi à Bouxaduar qu’il rencontre celui qui allait devenir son plus proche disciple et successeur, Lama Zopa Rinpoché.

Les prières de Nénoung Pawo Rinpoché se concrétisent notamment en 1965 lorsqu’à la suite d’une « méprise » Lama Yéshé et Lama Zopa, qui séjournent au monastère de Ghoom à Darjeeling, reçoivent la visite de la princesse russe Zina Rachevsky. Celle-ci défrait les chroniques mondaines du monde occidental par sa vie quelque peu excessive. Mais finalement lassée par tous ces plaisirs qui ne lui apportent guère de satisfactions, Zina est en quête spirituelle. À la recherche de Domo Guéshé Rinpoché, elle pénètre dans la chambre de Domo Rinpoché, nom sous lequel était alors connu Lama Zopa.

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Lama Yéshé – Zina Rachevski -Lama Zopa Rinpoché (Photo Lama Yéshé Wisdom Archive)
Maître et disciple donnent des enseignements à Zina pendant plus d’un an avant qu’elle ne parte pour Ceylan. De là, elle fait de nombreuses requêtes à Sa Sainteté le Dalaï Lama, lui demandant que les Lamas puissent la rejoindre. Une fois la permission accordée, tous trois se rendent à Dharamsala pour une audience avec Sa Sainteté et, en 1967, Zina reçoit l’ordination de novice. Mais au lieu de rejoindre Ceylan comme initialement prévu, les deux Lamas et leur disciple se rendent au Népal et s’installent près de Bodhnath, le célèbre stoupa situé à quelques kilomètres de Kathmandou. De là, Lama observe, parfois longuement, le sommet d’une colline située à quelques kilomètres, la colline de Kopan.

 

En 1969, avec l’aide de Zina, les Lamas achètent ce terrain et y fondent le Nepal Mahayana Gompa Center. Deux ans plus tard, et grâce au soutien d’un nombre croissant d’Occidentaux, le bâtiment principal est construit et le premier cours de méditation est organisé réunissant une vingtaine d’étudiants. À la septième session, le nombre de participants doit être limité à 200 en raison des limites d’hébergement. Aujourd’hui, ce cours continue d’accueillir chaque année des personnes de nationalités et d’horizons variés. Des centaines de moines suivent un programme d’éducation intense et on peut visiter le site Internet de Kopan pour notamment s’inscrire en ligne.

 

En 1972, les Lamas établissent à Dharamsala le Toushita International Retreat Center où alternent enseignements et retraites.

Le stoupa de Lama Yéshé à Tushita (Photo tushita.info)
Cette même année, le Mont Everest Center for Buddhist Studies est achevé à Lawoudo (Solo Khoumbou, Népal). Ce monastère est construit conformément aux engagements qu’avait pris auprès des habitants de cette région isolée le Lama de Lawoudo, l’incarnation précédente de Lama Zopa. Comme à Kopan, les jeunes Sherpas peuvent y suivre non seulement les études traditionnelles bouddhiques, mais aussi des cours d’art, de népali, de tibétain, d’anglais, de mathématiques, de sciences et de géographie. En décembre 1973, Kopan devient le siège de l’International Mahayana Institute, organisation qui regroupe les moniales et les moines occidentaux liés à Lama Yéshé.

 

Lama Yéshé (Photo imisangha.org)
Ces différentes structures forment le noyau cohérent d’un vaste projet visant à assurer la préservation du Dharma tout comme l’adaptation nécessaire au monde moderne. Mais la dimension internationale, voire universelle, de la vision de Lama Yéshé connait un développement supplémentaire en 1974 lorsqu’il est invité avec Lama Zopa aux États-Unis et en Australie. De leur tournée américaine naîtra entre autre L’Énergie de la Sagesse, livre aujourd’hui traduit dans de nombreuses langues et vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires dans le monde. Au cours de leur séjour en Australie, ils fondent le Chenrezig Institute for Wisdom Culture. Mais surtout commence à germer ce qui devient rapidement la Fondation pour la Préservation de la Tradition du Mahayana (FPMT), une organisation internationale qui regroupe aujourd’hui plus de cent cinquante centres du Dharma, projets, œuvres à caractère social et maisons d’édition répartis dans trente-trois pays. Tous ces organismes, bien que différents et financièrement indépendants, sont membres d’une même famille, de ce vaste mandala qui a pour but d’offrir des méthodes concrètes de développement spirituel et d’œuvrer au soulagement de souffrances particulières.

 

Tous ces vastes projets n’auraient pu exister sans l’incroyable charisme de Lama Thoubtèn Yéshé. Toute sa vie, et malgré des problèmes cardiaques importants, il a œuvré sans relâche pour préserver la doctrine du Bouddha et transmettre l’essence des enseignements au-delà des limitations culturelles ou strictement religieuses. Nombre d’exemples illustrent ses capacités exceptionnelles et ses réalisations étonnantes, chacun de ses « étudiants » ou de ceux qui l’ont rencontré peuvent en témoigner à travers son expérience personnelle. Citons pour exemple celle de Brian Beresford :« J’ai eu la chance d’assister en 1978 à un enseignement privé de Sa Sainteté le Dalaï Lama sur le tantra d’Hérouka. Il n’y avait que trois Occidentaux, le reste de l’auditoire étant composé des abbés et des moines des collèges tantriques. Sa Sainteté s’arrêtait sur des points particuliers du texte et posait des questions. Cela se produisit plusieurs fois, et Sa Sainteté recevait les réponses des abbés. Néanmoins, à un moment, Sa Sainteté n’étant pas satisfait des réponses proposées, interrogea tel abbé puis tel autre, les sermonnant parfois de ne pas connaître la réponse appropriée. Lama Yéshé était assis au quatrième rang, je pouvais le voir d’où j’étais. Il leva timidement la main en rougissant et dit : “Peut-être que votre Sainteté veut dire ceci et cela.” “Oui, tout à fait”, reprit Sa Sainteté, “Enfin voici un vrai yogi !” » Quelques minutes avant l’aube du nouvel an tibétain, le 3 mars 1984, le cœur de Lama cessa de battre. Il avait quarante neuf ans et était sérieusement malade depuis quatre mois.

 

Déjà en 1974, d’après les médecins occidentaux, sa vie tenait du miracle : deux valves étaient endommagées et pour pouvoir pomper le sang nécessaire, son cœur avait doublé de volume. Lama lui-même disait qu’il n’était vivant que par « le pouvoir du mantra ». En février 1985, dans une famille d’étudiants proche de Lama, naît le jeune Espagnol Osel Hita Torres. Il est rapidement reconnu par Lama Zopa comme étant la réincarnation de son Maître défunt, ce qui sera confirmé par Sa Sainteté le Dalaï Lama en 1986.

 

osel hita
Ösel Hita (Photo Véronique Alber Latour)
Que Lama ait délibérément choisi une apparence occidentale s’inscrit dans la logique de ses actions passées. « Les activités de Lama Yéshé furent très vastes, il a accompli toutes ses actions extensives sous le titre de “moine ordinaire”. Ses travaux furent extrêmement bénéfiques aux autres, grâce à ses efforts, le Dharma qui est bienfaisant pour les êtres a fleuri. Les activités de Lama Yéshé sont comparables à celles de tous les êtres saints » témoigne Khènsour Jampa Tégchok Rinpoché, ex-abbé du monastère de Séra Djé en Inde du Sud.

 

Colophon : Cette biographie a été rédigée par Michel Henry, principalement à partir de l’introduction de L’Énergie de la Sagesse et du numéro spécial de Wisdom magazine (n°2 – 84) consacré à Lama Yéshé.

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