Chers amis, chères amies,
Cette journée du 25 décembre 2024 est très particulière ! En plus de Noël, nous célébrons aujourd’hui le 605e anniversaire du Parinirvāṇa de Lama Tsongkhapa !
Courte biographie de ce grand maître
La vie et l’œuvre de Djé Tsongkhapa Losang Dragpa furent prophétisées dans certains soutras, tantras et termas. Son premier maître, le kadampa Deundroub Rintchèn, vient accueillir le nouveau né en 1357, le lendemain de sa naissance qui lui a été annoncée par Vajrabhairava en rêve. Dans la province de l’Amdo, la région du Pays des oignons (Tsongkha), ses deux parents avaient eux aussi fait des rêves auspicieux et sur le lieu de sa naissance, une goutte de son sang provoque la pousse d’un arbre de santal blanc portant des motifs de déités et de mantras. Sur ce site sera construit le monastère de Koumboum.
Djé Tsongkhapa commence son éducation monastique à 6 ans et se révèle vite un étudiant brillant qui impressionne ses enseignants. Inspirée par les traditions sakya, kagyu et kadam, sa longue carrière de voyages d’un maître à l’autre, d’études intenses et de pratiques bouddhiques commence à l’âge de 15 ans, au cours de laquelle il recevra nombre d’enseignements, de transmissions et d’initiations tantriques. À 21 ans, il acquiert le titre de « maître des quatre disciplines », prend en charge ses premiers disciples et débute son rôle d’enseignant. Pleinement ordonné à 23 ans, c’est un homme grand et impressionnant, mais de compagnie agréable et douce. Ses contemporains disaient qu’une discussion avec lui portait souvent plus de fruits que de longues semaines d’études.
Tout au long de sa vie dédiée à la progression vers l’éveil pour le bien des êtres, il est guidé par Rèndawa, son maître le plus influent, et par des visions de sa déité de méditation Manjoushri. Il étudie intensément, enseigne, écrit et fait de nombreuses retraites, accomplissant par exemple des centaines de milliers de prosternations et d’offrandes du mandala. Il s’investit également dans des restaurations (la grande statue de Maitréya de Dzingtchi, ou le temple du Djokhang à Lhassa), des constructions (Gandèn, premier monastère guélougpa, suivi de Drépoung, ainsi que les premiers collèges tantriques) et l’institution de cérémonies religieuses (la grande session de lecture de textes à Radrong, ou le grand festival de prières de Lhassa, qui perdure aujourd’hui).
Djé Tsongkhapa Losang Dragpa lèguera un immense héritage au bouddhisme tibétain. Fidèle aux sources bouddhistes indiennes, il intègre la philosophie des soutras et des tantras, souligne l’importance du vinaya (la conduite éthique) et d’une compréhension globale du chemin et fait une exégèse détaillée du chemin tantrique. Alors que l’étude de la philosophie de la voie médiane semble stagner au Tibet, partagée entre la vue de Thangsakpa qui rejette toute thèse propre et celle de Djonangpa qui affirme une nature de bouddha absolue, Tsongkhapa travaille d’arrache-pied pour comprendre la vue profonde. Il a 40 ans lorsqu’il effectue une retraite d’une année dans la vallée d’Eulkha où il voit en rêve Nagarjouna et les grands pandits qui lui succédèrent : Bouddhapalita lui touche le front avec son commentaire du Traité de la sagesse. Le lendemain, en lisant le dix-huitième chapitre, Dje Tsongkhapa obtient une perception directe de la vacuité. Il apportera ainsi une nouvelle interprétation de la voie médiane de Nagarjouna, qui intègre l’épistémologie et le raisonnement et prône une harmonie parfaite entre la vacuité et l’apparition en dépendance.
Il écrit nombre d’ouvrages très influents, comme le Rosaire d’or (commentaire de l’Ornement des réalisations claires de Maitréya), la Louange à l’apparition en dépendance, le Grand traité des étapes de la voie vers l’éveil, le Grand traité des étapes tantriques, l’Essence de l’éloquence du sens définitif et provisoire, l’Océan du raisonnement (commentaire du Traité de la sagesse de Nagarjouna), la Clarification de la pensée (commentaire de l’Entrée dans la voie médiane de Chandrakirti) ou le Traité des cinq stades de Gouhyasamadja.
Sa santé se détériore et le 11 novembre 1419, le maître s’assit en méditation. Son visage terne semble soudain s’illuminer lorsqu’il entre dans la méditation sur la claire lumière de la mort (thoukdam), transformant la mort en dharmakaya pour entrer dans l’état intermédiaire avec le corps illusoire, le suprême sambhogakaya. Pendant 13 jours, le site de Gandèn semble retenir son souffle, baigné d’une atmosphère de paix sous un ciel d’azur pur. Le corps du maître est embaumé puis placé dans un stoupa au cœur du monastère. Tous les ans, le Tibet commémorera le décès de Djé Rinpoché lors de la grande célébration de Gandèn du 25e jour, le festival des lumières.
La nouvelle tradition de Gandèn, l’école guéloug du bouddhisme tibétain, se développera rapidement après son décès, notamment grâce aux trois grands centres monastiques d’apprentissage de Gandèn, Drépoung et Séra, et à ses deux disciples principaux, Gyèltsab Djé et Khédroup Djé. Elle s’étendra au Tibet d’abord, puis en Asie et enfin dans le reste du monde.
Lire les œuvres de Lama Tsongkhapa en français
Grâce à vos soutiens, les Éditions Mahayana ont pour projet de traduire du tibétain au français l’intégralité du Lamrim Tchènmo (le Grand traité des étapes de la voie vers l’éveil) et de terminer la traduction du commentaire contemporain de cette œuvre par Guéshé Sopa (les 4 premiers volumes sont déjà disponibles). En apprendre plus sur nos projets 2025-2030.
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